Un projet ambitieux et inclusif à destination des apprenants DYS
Favoriser la réussite des apprenants, infirmiers, aides-soignants, porteurs de troubles des apprentissages (dyslexie, dyscalculie, dyspraxie…) tout en garantissant leur qualité de vie au sein de l’IFPS du Centre Hospitalier Guillaume Regnier, tel est l’ambition du Projet-DYS%.
Dyslexie, Dysorthographie, Dysphasie, Dyscalculie, Dyspraxie…
Ces mots sont régulièrement entendus dans les médias mais que signifient-ils ?
Ils couvrent les troubles des apprentissages dont l’un des plus connu est la dyslexie, caractérisée par des difficultés à reconnaitre des mots courants de façon exacte ou fluide et de faibles habiletés de décodages et d’orthographe, et qui touche 5 à 10% des enfants et des adolescents présentant des troubles du langage oral et écrit. Ces différents troubles des apprentissages, souvent diagnostiqués durant l’enfance sont assimilés à des handicaps, tant ils perturbent l’acquisition de savoirs. Les études sur le sujet confirment qu’ils sont liés à un trouble neuro-développemental, constituant un handicap invisible qui perdure à l’âge adulte, générant du stress, une surcharge cognitive, des appréhensions et une mésestime de soi.
L’Institut de formation des professionnels de santé (IFPS) du Centre Hospitalier Guillaume Regnier de Rennes accueille chaque année des apprenants infirmiers et aides-soignants concernés par ce handicap.
Télécharger le projet intégral
Un projet qui concerne 10% de nos apprenants, baptisé Projet-Dys%
Ce projet baptisé Projet-Dys% vise à les accompagner de manière efficiente et personnalisée en prenant en compte les ressources et les capacités de chacun.
L’institut étant adossé à un Centre Hospitalier spécialisé en santé mentale, les professionnels de l’équipe pédagogique sont particulièrement au fait des actualités et publications dans ce domaine et portent une attention particulière à l’accompagnement des troubles des apprentissages.
L’IFPS est d’autre part reconnu pour la qualité de l’accompagnement individualisé des étudiants et pour ses projets innovants et le Conseil Régional de Bretagne accompagne ce projet à travers les financements accordés
Le Projet-DYS% a émergé des observations et des échanges menés auprès des étudiants en difficulté mais également en lien avec l’arrêté du 23 janvier 2020 modifiant l’arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme d’État d’infirmier, et qui permet l’aménagement des études pour les apprenants à « besoins particuliers ». Force est de constater que, si pendant leur cursus scolaire, les enfants et adolescents atteints de troubles des apprentissages ont pu bénéficier d’accompagnement individualisé, peu d’établissements en études supérieures proposent ces mêmes soutiens. En permettant à ces étudiants de mener à bien leur projet professionnel, nous limitons les abandons en cours de cursus en les rendant acteurs de leur formation.
Donner les mêmes opportunités de réussite à tous les étudiants
Ainsi, l’un des objectifs principaux du projet est d’apporter une aide concrète aux étudiants présentant des troubles des apprentissages en leur proposant des aménagements personnalisés en collaboration avec des professionnels de santé experts : ergothérapeute, orthophoniste, médecin scolaire…. Il ambitionne de leur donner les mêmes opportunités de réussite que tout étudiant, en réduisant ce qui les pénalise.
L’équipe pédagogique est convaincue que tout dispositif en faveur des apprenants présentant des troubles des apprentissages est favorable à tout autre étudiant. Les innovations pédagogiques mises en œuvre à l’IPFS seront donc au bénéfice de tous.
Ce Projet-Dys% suscite l’adhésion de toute l’équipe et chacun s’est engagé à y contribuer individuellement et collectivement en développant les compétences nécessaires à l’aboutissement de ce projet par le biais de la formation.
Les aménagements proposés s’appuient largement sur le développement des outils numériques à disposition et sur l’attention portée à l’ergonomie des supports d’apprentissages (Couleur, police, espacement des lignes).
Un projet inclusif qui met en valeur les ressources singulières
L’un des premiers aménagements concrets proposés porte sur le Mémoire d’Initiation à la Recherche en Soins Infirmiers réalisé en fin de troisième année de la formation en soins infirmiers. L’exigence reste la même, mais la rédaction demandée est plus synthétique et la soutenance orale est mise au premier plan.
Plus largement, ce projet inclusif vise à porter un nouveau regard sur les professionnels présentant des troubles des apprentissages de type « dys » pour qu’ils ne soient plus un motif d’exclusion et de souffrance pour les apprenants.
Ils sont des ressources singulières pour les organisations de travail (force de travail, ténacité, résilience, attention aux autres …) et il est temps de les mettre en lumière.
Dès la rentrée 2021, les dispositifs d’accompagnement pourront être mis en œuvre pour les apprenants identifiés, après avoir reçu un avis favorable de l’Instance Compétente pour les Orientations générales de l’institut en novembre dernier.
« Avant de réussir leur vie et d’être des modèles pour beaucoup, ils ont tous été en décrochage scolaire. Ils n’étaient pas faits pour l’école et ont leur a promis un futur sans issue…à cause de l’invisibilité de leur handicap, ils ont passé des années à s’adapter aux autres. Alors que par nature, ils voyaient, pensaient et réfléchissaient différemment. En règle générale, on n’aime pas trop les gens qui sortent du rang, alors que, au contraire, le monde a besoin de toutes les intelligences, surtout des plus créatives, celles qui naturellement trouvent des voies de traverse, qui restent inexplorées et qui, au final, apportent les plus grandes révolutions. Ils avaient tous un don-artistique ou scientifique- que les autres ont préféré ignorer, et pourtant, ces pionniers ont persévéré, travaillé, suivi leur conviction et ils ont eu raison. Ça a payé ».
Aurélie Valognes, Né sous une bonne étoile, Éditions Mazarine, mars 2020